Former, c’est rester vivant - Plaidoyer pour une formation professionnelle engagée, au-delà des budgets, au-delà des lois

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Former, c’est rester vivant Plaidoyer pour une  formation professionnelle engagée , au-delà des budgets, au-delà des lois ?

 

Pendant que le monde change… la formation, grande oubliée.

En 2025, la formation professionnelle n’est pas une priorité en France.

Pas de projet de loi ambitieux sur la transition professionnelle, les reconversions, le travail des seniors.

Des financements publics qui s’amenuisent, des fonds OPCOs toujours plus bas, des dispositifs qui se complexifient au lieu de s’ouvrir.

Et un débat public qui regarde ailleurs : l’emploi, la compétitivité, le chômage, les chiffres… mais rarement les compétences. Rarement l’humain derrière les métiers.

Dans ce paysage, la formation reste trop souvent une variable d’ajustement. Une ligne budgétaire qu’on active quand il reste un peu de crédit, quand on peut, quand c’est remboursé. On attend. On reporte. On se dit « ce n’est pas le bon moment ».

Mais quand, alors, sera le bon moment pour apprendre ? Quand sera le bon moment pour donner à chacun les moyens de grandir, de progresser, de s’adapter ?

 

Attendre des lois, des budgets, des dispositifs ?
Et si c'étaut déjà renoncer.

C’est peut-être là, le plus grand piège : croire que la formation ne dépend que des autres. Des lois. Des budgets. Des dispositifs.

Et nous, que faisons-nous ? Nous, entreprises, dirigeants, indépendants, acteurs de terrain — où plaçons-nous notre responsabilité ?

Former n’est pas une faveur qu’on accorde quand tout va bien. Former n’est pas un bonus que l’on s’autorise quand le chiffre d’affaires le permet. Former n’est pas un cadeau, ni une case à cocher.

Former, c’est choisir. Former, c’est croire. Former, c’est investir.

Pas seulement dans des savoir-faire techniques. Mais dans des savoir-être, dans des postures, dans des dynamiques d’équipe, dans la capacité des femmes et des hommes à comprendre, à oser, à inventer, à transformer.

Former, c’est un acte politique. Un acte stratégique. Une décision qui dit quelque chose de la place que l’on accorde à l’humain dans nos entreprises.

 

Hôtellerie, restauration :
l'humain est votre première richesse. Pourquoi l'oublier ?

Dans l’hôtellerie, la restauration, l’hospitalité au sens large, les machines ne remplaceront jamais un sourire sincère. Elles ne remplaceront pas l’écoute, l’attention juste, la capacité à gérer l’imprévu, à désamorcer une tension, à offrir plus que ce que l’on attendait.

Le cœur de nos métiers, ce sont les femmes et les hommes qui les font vivre.

Et pourtant, combien de fois entend-on : — « On n’a pas le temps de former. » — « On n’a pas le budget. » — « À quoi bon ? Ils vont partir dans trois mois… »

 

"Ils vont partir de toute façon..." : et alors ? Former, c'est semer.

Voilà l’une des croyances les plus toxiques :

Former n’aurait de sens que si l’on est sûr de garder. Que l’investissement n’est rentable que si le salarié reste longtemps.

Mais quelle importance, au fond, que l’équipe reste deux, trois ou quatre mois ? Quelle importance… si, pendant ce temps-là, elle est bien formée, bien accompagnée, plus forte, plus fière de ce qu’elle accomplit ?

Former, ce n’est pas posséder. Former, c’est transmettre. Former, c’est semer.

C’est accepter de contribuer à quelque chose qui nous dépasse : un cercle vertueux où chacun, même en partant, emporte un peu plus que ce qu’il avait en arrivant. Un cercle où les gestes se perfectionnent, où les savoirs circulent, où la qualité se diffuse. Un cercle où l’industrie de l’hospitalité s’élève, non pas par quelques élites, mais par l’engagement de tous.

Former, c’est prendre sa part dans la construction d’un secteur meilleur. Peu importe où les gens iront ensuite. Ce qui compte, c’est ce qu’ils emportent avec eux.

 

Former, c'est un acte de foi. Un choix. Un engagement.

Former, c’est dire : « Je crois que l’avenir vaut la peine d’être préparé. » Que les compétences, les gestes, les savoirs, les relations humaines sont notre plus belle richesse. Que les métiers changent, oui, mais que les équipes peuvent suivre — si on leur en donne les moyens.

Former, c’est croire que chacun peut apprendre. Que les soft skills se cultivent. Que la posture managériale se travaille. Que l’esprit d’équipe se construit.

Former, c’est ne pas se satisfaire de l’existant. C’est refuser la passivité. C’est refuser la fatalité.

 

Former, c'est être optimiste. Radicalement optimiste.

Dans un monde qui va vite, où tout bouge, tout se réinvente, former, c’est continuer à y croire. C’est poser un acte d’espérance. C’est faire le pari de l’humain.

Former, c’est agir.

Former, c’est résister.

Former, c’est rester vivant.

 

Clarisse Labat

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