Manager aujourd’hui : entre complexité humaine et mutations du travail
Réconcilier les générations et redonner du sens au travail
Constats de terrain : clichés, individualisme et guerre de tranchées
« Les jeunes ne veulent plus bosser. » « Les vieux sont bloqués dans le passé. »
On entend ces petites phrases partout. Elles circulent dans les réunions, dans les formations, dans les conversations plus informelles. Chacune raconte une part de vérité. Mais surtout, elles disent l’impossibilité croissante de se comprendre. Aujourd’hui, chacun campe sur ses positions. Chacun a ses raisons, ses colères, ses convictions. Et chacun avance seul.
L’individualisme s’est installé sans fracas. On cloisonne son agenda, on évite les conflits, on se protège, parfois en silence. Ce n’est pas un caprice, c’est un mécanisme de survie dans un monde du travail devenu instable, fragmenté, exigeant. Mais ce repli, s’il rassure à court terme, empêche l’émergence d’une culture commune, d’un langage partagé.
Et c’est là que le rôle du manager redevient essentiel : créer du lien, faire collectif, rebâtir des ponts dans un environnement où chacun construit sa forteresse.
Hannah Arendt : une boussole pour relire le travail
Dans La Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt distingue trois formes d'activité humaine : le labeur, l’œuvre, l’action.
Le labeur, c’est le travail nécessaire à la survie, répétitif, souvent invisible.
L’œuvre, c’est ce qu’on construit pour durer, ce qui laisse une trace.
L’action, enfin, c’est ce qu’on engage avec les autres, dans la parole, dans la création collective.
Pendant des décennies, le travail a été pensé comme du labeur. Aujourd’hui, les générations montantes aspirent à autre chose : faire œuvre, agir avec. Ce n’est pas un refus de l’effort. C’est une demande de cohérence, de sens, d’utilité visible. Une volonté de contribution réelle.
Le temps et l’incertitude : les grandes bascules invisibles
Impossible de parler des mutations du travail sans parler du temps. Car le temps lui aussi a changé. Autrefois linéaire, prévisible, structurant les parcours et les plans d’action, il est aujourd’hui fragmenté, accéléré, mouvant. On planifie à court terme, on s’adapte en flux tendu, on apprend en marchant.
Dans ce nouveau paysage, l’incertitude est partout. Elle est devenue la norme, et non plus l’exception. Les jeunes générations, nées dans l’instabilité, l’intègrent sans trop de résistance. Les plus anciens, souvent, en souffrent, silencieusement.
Le manager, ici, ne peut plus promettre un avenir clair. Mais il peut offrir des repères. Non pas des garanties, mais des points d’appui. Il ne dirige plus par la certitude, mais par la clarté dans l’instant.
C’est rendre accessible ce qui semble complexe, en rendant chaque apprentissage concret, applicable et immédiatement utile sur le terrain.
Manager : créer du lien dans un monde fracturé
Le manager d’aujourd’hui n’est plus celui qui organise, qui planifie, qui contrôle. Il est celui qui observe, qui traduit, qui rassemble. Celui qui comprend que les visions du travail sont multiples, parfois opposées, mais qu’elles doivent coexister. Celui qui accepte de ne pas figer, mais de faire tenir ensemble ce qui fluctue.
Il faut réinventer des collectifs, dans des équipes hybrides, fragmentées, souvent sans culture commune. Il faut réconcilier des représentations, redonner du sens au mot "travailler ensemble". Le management devient, à nouveau, un acte politique : une manière de tenir ensemble dans un monde qui se désagrège.
Faire le ménage chez soi pour accueillir les autres
Mais comment être ce point d’ancrage si l’on est soi-même en lutte contre son propre rapport au travail ? Le manager ne peut accompagner la complexité qu’à condition de l’avoir affrontée en lui-même.
Cela suppose un travail d’introspection : identifier ses croyances, parfois rigides. Reconnaitre ses blessures, souvent niées. Accepter ses contradictions, toujours humaines. Faire la paix avec son passé professionnel pour éviter de le projeter sur ses équipes.
Le vrai pouvoir managérial ne vient pas de la technique, ni de l’ancienneté. Il vient de l’alignement. De la capacité à rester stable dans l’instabilité. Disponible, sans s’effacer.
Recréer des ponts, pas des forteresses
Le travail ne sera plus jamais ce qu’il était. Il est devenu subjectif, incertain, multiple. Et cela n’est ni bien ni mal. C’est. Ce qui importe aujourd’hui, c’est la capacité à faire lien dans cette complexité.
Le manager n’est plus un chef. Il est un hôte. Il n’impose pas un modèle. Il crée l’espace pour que des visions différentes puissent coexister et s’enrichir.
Parce que ce n’est pas le chaos qu’il faut craindre. C’est l’isolement dans la complexité. Comme l’écrivait Camus : « La misère est un château fort sans pont-levis. » Le rôle du manager, aujourd’hui, c’est justement d’ouvrir ces ponts. De bâtir des passerelles. D’empêcher que chacun ne se barricade dans sa vision du monde du travail.
Pourquoi choisir Insaho ?
Chez Insaho, nous croyons profondément que cette posture peut s’apprendre, se cultiver, s’enrichir. C’est même le cœur de notre raison d’être : permettre aux professionnels de l’hospitalité et du management de devenir des créateurs de lien, dans un monde où la tentation du repli est forte.
C’est pourquoi nous avons construit un écosystème apprenant, exigeant mais humain, où chacun peut participer à cette construction collective. Où les managers ne sont pas seulement formés, mais accompagnés pour faire émerger des pratiques plus conscientes, plus justes, plus ajustées aux réalités d’aujourd’hui.
Rejoindre Insaho, c’est choisir d’être acteur de ce changement. Et de co-créer, ensemble, ces fameux ponts dont nous avons tant besoin.
Clarisse Labat - résolument optimiste.